Action against Litton. October 2nd 1984

 

05.  CCC. Attentat contre Litton. 2 octobre 1984.

1 – Action contre Litton Industrial (October 2, 1984)

 

Cellules Communistes Combattantes

Première campagne anti-impérialiste d’Octobre

Action contre Litton Industrial, 2 octobre 1984

Aujourd’hui, 02 octobre 1984, nous avons attaqué à la bombe les bureaux et ateliers de la sociéte LITTON BUSINESS BELGIUM SA au 59 de la rue du Bon Pasteur à Evere. Cette société commercialise sur le marché belge les produits importés ( bandes pour ordinateurs, caisses électroniques SWEDA, etc. ) de la multinationale US de l’électronique : LITTON INDUSTRIAL.

LITTON INDUSTRIAL, 18e multinationale de l’électronique et de la construction électrique
( en 1982 et au niveau mondial ) est l’un des principaux pourvoyeurs d’armes de l’OTAN.
Ainsi, par exemple, pour le seul mois de juin de cette année, Litton a décroché deux contrats
auprès de l’US Navy : des pièces pour système de brouillage électronique pour avions
d’attaque ( 14,3 millions de dollars US ) et des systèmes de visée pour les chasseurs F-18
( 97,6 millions de dollars U.S. ).

Mais surtout, et principalement avec sa filiale canadienne, LITTON INDUSTRIAL est le
concepteur, le fabriquant et le producteur du système de guidage des missiles Cruise
dont les préparatifs d’installation vont bon train sur le site de la base militaire de Florennes.

Nous avons voulu, par notre attaque, léser directement les intérêts de ce trust en paralysant
ses activités — nous espérons pour longtemps — dans ce pays. Mais il ne faut pas limiter le
choix et la portée de notre action au seul coup porté contre une bande de capitalistes dont le
commerce de mort lui a rapporté pour le premier trimestre de cette année un bénéfice de
76,5 millions de dollars US. Nous allons donc développer brièvement le contexte politique
global qui nous a déterminées à mener cette attaque.

L’installation des missiles Cruise et Pershing en Europe, les ruptures des négociations Est-
Ouest, la multiplication de ces dernières années des conflits militaires et leurs qualités
( politiques, géographiques et économiques ) en liaison de plus en plus étroite avec l’Europe
impérialiste, la course aux armements et les croisades idéologiques chauvines … sont autant
de facteurs, de témoins concrets d’une tendance qui s’affirme et que de plus en plus de gens
comprennent maintenant ici : la tendance directe, croissante et manifeste à la guerre
impérialiste. Cette tendance est de plus en plus à l’ordre du jour, tant dans sa nature, son
évolution et son développement que dans les réactions qu’elle engendre, des manifestations
monstres qui depuis des années secouent les capitales européennes à une conscientisation
et à l’émergence d’une pratique révolutionnaire comme notre attaque contre Litton.

Révolutionnaire, par ce que notre action prétend démontrer : la guerre impérialiste est
absolument indissociable du mode de production capitaliste, en fait elle en est le
produit en tant que phase incontournable, en tant qu’aboutissement / dépassement de la
crise économique, en tant qu’unique solution pour le capital de bouleverser sa base de
production. Nous allons essayer d’expliquer cela.

La guerre impérialiste ( qui, ne l’oublions pas, est permanente contre les peuples du monde
entier ) est dans sa qualité mondiale la seule solution adéquate pour les puissances
capitalistes en crise dans la mesure où la guerre permet en premier lieu d’agrandir leurs
bases de production ( dans le stade impérialiste où les secteurs vierges pour l’exploitation
économique sont épuisés depuis longtemps ) soit aux dépens de l’adversaire, soit par une
redistribution des zones d’influences ; en second lieu, la tendance à la guerre et la guerre
elle-même permettent la mobilisation dans la production / économie de guerre des capitaux,
des travailleurs et des structures de production ( usines, etc. ) qui, expression de la crise de
surproduction telle que nous la vivons aujourd’hui, s’accumulent en masse sur le marché,
exclus et inutiles pour le processus de production capitaliste, inaptes à la revalorisation du
capital.

De cette « dynamique », les exemples sinistres ne manquent pas, dont le plus flagrant est le
militarisme effréné de l’impérialisme nazi qui, de 1933 à 1939, a relancé l’économie
allemande … et résorbé le chômage ! Plus généralement, la guerre a toujours servi de
tremplin au capitalisme car elle lui permet, à travers destructions et bouleversements, de
résorber les surproductions dont il ne peut tirer de profits et de modifier radicalement les
multiples conditions de l’exploitation des travailleurs au sein d’une nouvelle ère d’expansion
capitaliste … jusqu’à la prochaine crise et la prochaine guerre.

Nous affirmons donc, et nous n’inventons rien car c’est l’abc de l’économie marxiste, que la
crise économique qui frappe l’ensemble du monde n’est pas qu’un « accident de parcours de
l’économie de marché » ou le bilan de soi-disant bienfaits des sixties dont les travailleurs
auraient abusé comme le prétend l’odieux De Clercq — et dont on sortirait par des sacrifices
comme le prétendent tous les économistes bourgeois — mais bien le produit de la nature
même de ce système d’exploitation qui ne peut se dépasser que dans la guerre.

Le perfectionnement des moyens de production, notamment durant ces dernières décennies,
les progrès de l’électronique, de la robotique, de l’informatique, etc., devraient permettre une
abondance de richesses et un élargissement sans cesse croissant du temps libre, ce qui est
très facile à comprendre étant donné que l’application de ces techniques à la production
permet de produire plus, plus vite et avec moins de main-d’œuvre, les produits, richesse et
structures nécessaires à l’existence. Et pourtant nous vivons le contraire ! Le système
capitaliste, dans son unique quête : le profit, nous entraîne dans cette situation où, comme
l’écrivait Engels, on retrouve « d’un côté, perfectionnement du machinisme (…) qui équivaut à
une élimination toujours croissante d’ouvriers (…) ; de l’autre côté, extension sans limite de la
production (…). Des deux côtés, développement inouï des forces productives, excédent de
l’offre sur la demande, surproduction, (…) excédents ici des moyens de production et de
produits, excédents là d’ouvriers sans emploi et sans moyen d’existence (…) ».

Les masses de travailleurs mis au chômage avec juste les moyens de survivre ( grâce aux
impôts et cotisations imposés aux autres travailleurs ) sont exclus, par manque de moyens,
des richesses produites par les machines qui les ont remplacés, richesses qui, donc, au
même titre que ces travailleurs, se retrouvent — pour le capitalisme — en « trop » sur le
marché.

En système capitaliste, les progrès scientifiques et leurs applications dans la production de
biens nécessaires à tous, la machine ( ou le robot, ou l’ordinateur … ), au lieu de signifier
concrètement abondance et meilleures conditions de vie, deviennent synonymes de misère :
« La bourgeoisie est convaincue d’incapacité à diriger davantage ses propres forces
productives sociales » ( Engels ).

La crise économique en système capitaliste n’est pas une crise de sous-production
mais une crise de surproduction de richesses. Et nous le vivons aujourd’hui de cette
façon :

— surproduction de moyens de production ( il y a pour le capital des usines, des mines, des
aciéries … en trop, non pas du fait que la production d’acier ou de charbon soit devenue
inutile, périmée ou excédentaire par rapport aux besoins réels des populations, mais
parce qu’il y a production inutile, excédentaire par rapport au marché ) ;
— surproduction de richesses ( le rétrécissement du marché, le manque de clients solvables
à l’échelle nationale ou internationale … ce qui entraîne les économistes bourgeois, siégeant
aux Communautés par exemple, à nous expliquer que la C.E.E. a des excédents laitiers …
alors que deux milliards d’êtres humains souffrent de malnutrition sur cette planète qui en
compte quatre milliards ) ;
— surproduction de capitaux ( les débouchés de l’activité industrielle se rétrécissant, les
investissements désertent la production pour se tourner vers des activités spéculatives et
improductives : banques, crédits … logique infernale dont en voit vite la fin, par exemple le
système financier et bancaire US au bord du krach suite aux politiques de prêts et de
spéculations notamment dans le tiers-monde ) ;
— surproduction de travailleurs ( mis au chômage ou tout simplement exclus du processus
de production par les développements technologiques dans le cadre de la course aux profits
du capitalisme. La bourgeoisie en arrive ainsi, dans toute l’étendue de son absurdité, à
rendre les progrès de l’humanité contraires au progrès de la vie … ). Déjà, à l’aube de la
société capitaliste, il en avait été de même lorsque la bourgeoisie plongea des populations
entières dans la misère ( notamment en Angleterre ) en introduisant les métiers à tisser
permettant un essor fantastique de productivité !

La crise économique d’aujourd’hui n’est pas la première dont les travailleurs font les frais,
une semblable crise précéda la seconde guerre mondiale et avant celle-là d’autres déjà …
Mais à chaque fois, les crises sont plus profondes, plus graves, plus étendues puisqu’elles
sont le produit de l’expansion contradictoire du capitalisme. Aujourd’hui, l’étendue et la
profondeur de la crise de l’économie capitaliste, l’impérialisme achevé et moribond, amènent
l’humanité entière à un seuil décisif, car c’est dans les années à venir, faites de
bouleversements, de guerres et de révolutions, que se décidera l’avenir pour longtemps.

Mais, au-delà de cette certitude, il faut souligner, pour en tirer une stratégie adéquate,
comment la bourgeoisie, à chaque fois, su dépasser ses contradictions et l’importance,
développée au fil des ans, de la tendance à la guerre.
Le système impérialiste n’a plus rien à offrir sinon la misère.
Il n’a plus comme perspective de lendemain que la guerre.
Il n’est plus que destruction.

Et de cette sinistre perspective, certains comme Litton tentent encore de tirer profit. Car il ne
s’agit pas de considérer la tendance à la guerre comme un quelconque automatisme auquel
se soumettraient machinalement les gouvernements et les états-majors ; il s’agit d’une
tendance générale du système, que tout le monde perçoit et vis-à-vis de laquelle chacun se
positionne selon ses intérêts. Et c’est ainsi qu’émergent alors des rangs de la bourgeoisie
impérialiste des marchands de canons, des politiciens et des idéologues va-t’en-guerre, des
diplomates et des militaires, un véritable groupe d’intérêts qui constitue par-delà les
frontières un authentique « parti de la guerre ». C’est ce parti qui est donc l’ennemi principal
des révolutionnaires et des travailleurs de tous les pays.

Contre ce répugnant « parti de la guerre », il n’existe pour nous, communistes, qu’une seule
voie, celle de la Révolution Sociale, car comme le disait si justement Engels : « La force
d’expansion des moyens de production fait sauter les chaînes dont le mode de production
capitaliste l’avait chargée. Sa libération est la seule condition requise pour un
développement des forces productives ininterrompu, progressant à un rythme toujours plus
rapide et, par la suite, pour un accroissement pratiquement sans borne de la productivité
elle-même (…). La possibilité d’assurer, au moyen de la productivité sociale, à tous les
membres de la société une existence non seulement parfaitement suffisante au point de vue
matériel et s’enrichissant de jour en jour, mais leur garantissant aussi l’épanouissement et
l’exercice libre et complet de leurs dispositions physiques et intellectuelles, cette possibilité
existe aujourd’hui pour la première fois, mais ELLE EXISTE ».

Et, comme nous pouvons le lire dans le Manifeste du Parti Communiste : « Les Communistes
se refusent à masquer leurs opinions et leurs intentions. Ils proclament ouvertement que
leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social
passé. Que les classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste ! Les
prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. »

Nous, Communistes, savons que la paix n’apparaîtra que lorsque le capitalisme fauteur de
guerre disparaîtra, donc qu’il ne s’agit pas d’éviter la guerre, mais de réaliser la révolution
sociale en suivant plus que jamais le mot d’ordre de Lénine :

CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA GUERRE CIVILE !

Organisons-nous, et frappons sans relâche !

EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE DES
PROLÉTAIRES !

EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !

TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !

Cellules Communistes Combattantes pour la construction de l’Organisation Combattante des Prolétaires

 

Aujourd’hui, par notre action contre la multinationale LITTON, les Cellules Communistes
Combattantes imposent une pratique organisée de lutte armée politico-militaire dans ce pays
jusqu’ici trop peu touché par la lutte armée pour le communisme. Nous voulons, dès cette
première action, faire le point en ce qui concerne un côté de la lutte militaire, ses
conséquences pratiques aux moments des actions et notre position politique à ce propos.
Nous souhaitons que ces positions soient aussi largement diffusées — en tant
qu’indissociables — de nos positions politiques globales.

Nous savons que la pratique policière élémentaire de la bourgeoisie ( des commissariats au
gouvernement ) a toujours été de calomnier les mouvements révolutionnaires. Beaucoup de
gens maintenant savent par leurs expériences comment sont relatées, dans les médias au
service du pouvoir dominant, les manifestations sociales, les occupations d’usines, les
légitimes revendications des travailleurs, et évidemment la politique impérialiste
d’exploitation mondiale … Nous savons aussi quels racontars crapuleux ne manqueront pas
de colporter contre nous les larbins appointés et autres rats « objectifs », ce qui nous oblige à
souligner un de nos principes fondamentaux de communistes : LES ACTIONS DE LA
GUÉRILLA RÉVOLUTIONNAIRE NE SONT JAMAIS DIRIGÉES CONTRE LE PEUPLE,
MAIS TOUJOURS CONTRE LES ENNEMIS DU PEUPLE, les exploiteurs bourgeois et leurs
alliés.

Cela, c’est la politique des communistes, notre identité, et il ne peut pas en être autrement
sans trahir notre mémoire historique et nos buts historiques ! Qui se bat pour que la guerre
impérialiste n’endeuille plus des centaines de millions de travailleurs dans le monde ; Qui se
bat pour une paix véritable construite sur la disparition des ennemis du peuple ? Les
communistes ! Qui prépare un massacre plus grand encore que sa permanence ? La
bourgeoisie impérialiste !

Qui ose nous traiter de terroristes ? La bourgeoisie qui règne dans ce pays, valet de
l’impérialisme U.S. et mercenaires de la Société Générale, jetant des centaines de milliers
de travailleurs au chômage, au minimex ou à rien du tout en attendant les coupures de gaz
ou d’électricité, à la misère totale parce que la sous-alimentation / extermination de la moitié
de la planète ne lui suffit même plus.

Nous, nous attaquons par la lutte armée cette bourgeoisie impérialiste qui nous domine avec
ses mercenaires, flics, gendarmes ou autres militaires, et nous voulons limiter les cibles de
nos actions à ces seuls ennemis du prolétariat — sans oublier leur employeur cité un peu
plus haut … ALORS QUE CE SOIT CLAIR : nos combattants, en menant les opérations
d’attaques contre les appareils de la bourgeoisie prennent et prendront toujours toutes les
mesures nécessaires, même celles qui augmentent les risques de l’opération ( en mettant en
cause la bonne exécution de celle-ci ou la sécurité de la cellule ) pour éviter de léser les
riverains ou de blesser des passants …

Il est donc nécessaire, dans l’intérêt de tous, ET PARCE QUE CELA EST NOTRE
VOLONTÉ POLITIQUE, de défendre les intérêts des populations dans la guerre de classes à
travers sa pratique militaire. Cela veut ainsi dire faire connaître certaines mesures de
sécurité, afin d’éviter les accidents et SURTOUT LA POSSIBILITÉ POUR LES FORCES DE
POLICE D’ORGANISER CONSCIEMMENT UN MASSACRE qu’elles présenteraient par la
suite comme étant le produit de notre « terrorisme fou » alors que c’est plutôt elles qui sont
les piliers armés d’un ordre social dont le terrorisme n’est plus à démontrer au regard de
l’histoire.

Dans la perspective de notre développement actuel, nous pensons déjà devoir donner
quelques indications, quelques consignes précises afin que, dès maintenant, nos actions ne
lèsent que les ennemis des travailleurs et jamais les populations que nous appelons à la
révolution sociale internationaliste :

SI VOUS ÊTES, UN JOUR OU L’AUTRE, CONFRONTÉS À UNE ACTION DES CELLULES
COMMUNISTES COMBATTANTES, SUIVEZ LES CONSIGNES DES
RÉVOLUTIONNAIRES, ELLES NE PRENNENT EN COMPTE QUE VOS INTÉRÊTS !

Si vous travaillez dans les structures de domination et qu’une attaque est annoncée, quittez
immédiatement les lieux, même contrairement à l’avis des petits chefs ou des flics, refusez
de collaborer aux enquêtes policières … et plus tard nous parlerons du sabotage et de la
désertion des institutions qui nous exploitent !

Quand les Cellules Communistes Combattantes mènent une attaque à l’explosif — comme
celle contre LITTON aujourd’hui, nous soulignons encore une fois que nous prenons toutes
les précautions nécessaires pour qu’elle se fasse avec le plus grand discernement possible ;
si vous voyez cela de chez vous, éloignez-vous des fenêtres, les charges que posent nos
combattants sont calculées pour ne pas toucher les bâtiments voisins et le seul risque réside
dans l’action du souffle et des projections au moment de la déflagration.

Nous nous excusons sincèrement — et nous laissons l’hypocrisie aux élus qui viendront
pleurnicher demain — pour le réveil brutal de certaines de nos actions. Mais nous pensons
qu’il est moins dramatique que celui qui nous guette en cas de guerre, soit sous les bombes,
soit pour le départ à la boucherie, et que si nous ne voulons aucun de ces deux derniers
exemples, il nous faut nous organiser pour concrètement mettre les exploiteurs à genoux !
Nous pensons qu’il est temps de nous réveiller, de nous battre, car c’est aujourd’hui que se
construit l’histoire de demain !

POUR LE COMMUNISME

CELLULES COMMUNISTES COMBATTANTES